Y'a t'il un malaise avec la Gauche ?
OPPOSITION DE GAUCHE.
Autre "renaissance" notable post-élections présidentielles, celle de la Gauche. Comment est-ce arrivé ? Et est-ce viable dans le temps ? Le Parti Socialiste, les Communistes, EELV ont fait pale figure devant les urnes, seule la France Insoumise a tiré son épingle du jeu. Malgré des alignements politiques diamétralement opposés, idéologiquement incompatibles à première vue, c'est donc le moment de l'Union Sacrée pour sauver les meubles selon certains, ou pour viser plus haut selon d'autres.
D'abord, le postulat mélenchoniste, affirmé par le biais de la stratégie auto-réalisatrice : il sera le grand gagnant de ces législatives. Il sera inéluctablement nommé 1er Ministre, nommera son Gouvernement, et appliquera in fine son programme.
Regardons quelques instants dans le rétro.
Objectivement, Mélenchon a été maintenu politiquement en vie artificiellement tout le long des Présidentielles, avant, pendant, et après :
- Barré par les maires de France, il est sorti miraculeusement des "qualifications" grâce à la banque de réserve de signatures de François Bayrou.
- Confronté directement aux électeurs, il a été éliminé au 1er tour en ne parvenant pas à séduire, convaincre, incarner totalement une véritable alternative à Macron. En tout cas, moins que Le Pen.
- Apres s'être positionné ouvertement durant 5 ans en farouche opposant, au moment de faire enfin sortir Macron de la tête du Pays, sa consigne de vote a consisté à ne pas donner un seul bulletin à Marine Le Pen. .
Notre interrogation profonde, personnelle, est la suivante : à quel moment l'extrême droite et/ou Marine Le Pen ont été un problème dans notre quotidien durant le quinquennat Macron, au point de reléguer le mouvement "Gilet Jaune" et l'épisode "Covid" ? Le fascisme a été incarné, durement et avec application, par le Président lui-même, à travers son Ministère de l'Intérieur et ses Préfets.
Si tant est que cela arrive, Mélenchon préfère se projeter en 1er Ministre de Macron qu'envisager l'être pour Le Pen. Intrinsèquement pourquoi pas, ça le regarde, c'est une considération toute personnelle. Mais c'est bien le problème, c'est un calcul politique personnel, pas motivé par l'intérêt de la France, mais par son ambition politique.
Puisque le calcul est de prendre le pouvoir par les législatives et de priver le Chef de l'Etat de la jouissance pleine de son pouvoir d'influence, que ce soit Le Pen ou Macron, qu'est-ce que cela change ? Pourquoi vouloir absolument gouverner SOUS Macron, après avoir appelé et travaillé à sa défaite pendant 5 ans ? En quoi, toujours selon cet objectif, serait-ce moins pertinent pour les français d'avoir une cohabitation politique avec une Le Pen, qui, selon le plan, serait privée de majorité chez les députés et les sénateurs ?
Parce que la relation personnelle entre Mélenchon et Macron est peut être moins simple que ce qu'il parait publiquement.
Les saillies innombrables et acerbes du Leader de LFI contre Macron et son Gouvernement ont animés les bancs de l'Assemblée Nationale. Avec talent, justesse, objectivité.
Mais à quel point cela fut sincère ? Jusqu'ou cela fut spontané ? Quel est le calcul politique de LFI et de ses cadres dans le paysage politique français ? Quelques exemples fondamentaux demeurent marquants à nos yeux, justifiant de se poser la question :
Mélenchon, tombé nez à nez avec Macron dans les rues de Marseille, après l'avoir traité publiquement dans la presse de xénophobe, s'écrase face à lui et n'assume pas, devant les journalistes présents.
https://www.francetvinfo.fr/politique/melenchon/macron-xenophobe-selon-melenchon-les-explications-du-leader-de-la-france-insoumise-en-quatre-actes_2931243.html
https://www.lejdd.fr/Politique/quand-melenchon-croise-macron-a-marseille-il-ne-se-souvient-plus-vraiment-lavoir-qualifie-de-xenophobe-3750398
Ruffin qui arrange en coulisses avec Macron la mise en scène d'une interaction faussement virulente entre eux, pour "mettre un coup de projecteur" sur le sort de salariés menacés de licenciement.
https://www.lefigaro.fr/politique/quand-ruffin-et-macron-se-partageaient-les-roles-sur-un-dossier-social-sensible-20191126
Mélenchon et les multiples "dérapages" quant à son incarnation d'un homme politique digne, respectable, mesuré, que ce soit au contact de citoyens, des journalistes, des policiers, ne plaident pas en sa faveur en matière de stature présidentielle.
https://www.lacommune.org/Parti-des-travailleurs/Lettre-d-infos/MELENCHON-FAUSSES-COLERES-ET-VRAIS-PROBLEMES-i1808.html
La phrase suivante n'est pas de nous, mais nous y adhérons : "Mélenchon a besoin de faire croire que le vrai choix est entre Macron et lui".
Nous reparlerons des choix possibles plus tard.
Appeler à ne pas donner une voix à Marine Le Pen, c'était à nos yeux aller à l'encontre de l'union sacrée espérée des français CONTRE Macron, devant la litanie des griefs que nous avions pourtant légitimement contre lui.
Revenons aux faits, au plan, et à l'usage de la Gauche :
Macron réélu, Mélenchon estime devoir être investi au poste de 1er Ministre lors des prochaines législatives pour être le seul et unique contrepoids efficace face au Président.
https://melenchon.fr/2022/05/27/elisez-moi-premier-ministre-pour-une-reparlementarisation-de-la-vie-politique-tribune-dans-liberation/
Dans cette optique, la France Insoumise et l'ensemble des partis de Gauche ont convenu d'une alliance pour que le résultat des urnes contraignent Macron à le faire venir à Matignon. NUPES.
https://melenchon.fr/2022/05/19/presentation-du-programme-de-la-nupes/
Pourquoi est-ce un jeu de dupes, la composition de cette alliance ? Car soyons clairs, il y aura forcément des cocus. Celles et ceux des socialistes ou EELV qui ont voté pour le pass sanitaire, pour le pass vaccinal, qui sont pour la vaccination obligatoire ont été à l'Assemblée Nationale en contradiction avec les positions affichées par LFI.
Que dire, surtout, des critiques émises contre le fonctionnement de l'Union Européenne par les Mélenchonistes y compris à Bruxelles même, quand on sait la position des Socialiste, pire encore : d'Europe Ecologie Les Verts, sur le sujet.
Par quel miracle politique ces divergences multiples, manifestement incompatibles, peuvent-elles être rationnellement surmontées avec pour seul but commun d'imposer à Macron l'unique choix JLM pour Matignon ? Qui va s'assoir sur ses convictions, parmi eux ? Qui va avaler la couleuvre ? Quel sera le prix à payer pour cette alliance surprenante de prime abord ? Quels électeurs vont être déçus ?
Nous reconnaissons à Jean-Luc Mélenchon et ses troupes des qualités indéniables, dont sont totalement dépourvus leurs alliés d'aujourd'hui. Pour leur leader, le sens de la formule, une éloquence manifeste, une aisance oratoire certaine, une vraie culture, une implication personnelle dans son rôle de meneur, forte, et sur la durée. Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt les interventions de Manon Aubry à Bruxelles, Adrien Quatennens est également un profil particulièrement intéressant en l'état, et manifestement un futur cadre majeur si l'on se tourne vers l'avenir. Sur la forme, chez eux comme chez d'autres, il y a un talent indéniable à faire de la politique et à débattre.
C'est sur le fond que nos analyses et réflexions sont moins en résonnance. Car sur le fond, factuellement, les incompatibles prises de positions passées de ces forces politiques appelées à faire front commun semblent nous confirmer que cela ne pourra pas fonctionner, pour plusieurs raisons. Ou alors cela fonctionnera, mais pour les mauvaises.
La politique sanitaire, par exemple. JLM ne jure que par la voix de l'OMS. Il a même, sous couvert d'une formule comme justifié ça et là, assuré courir après les non-vaccinés si l'autorité sanitaire en question devait la rendre obligatoire. Une sortie, même dans le contexte de son intervention, totalement liberticide au regard des positions de l'OMS sur la gestion de l'épisode Covid. D'autant plus en décalage avec le positionnement officiel de LFI sur le sujet du pass sanitaire et vaccinal.
https://twitter.com/jlmelenchon/status/1494419973497929733
L'OMS qui œuvre pour que l'Union Européenne transfère notre souveraineté sanitaire, purement et simplement, à son autorité en matière de gestion de pandémies. Une Union Européenne, puisque nous parlions de choix plus haut, dont JLM souhaite bousculer les codes et nier l'autorité contraignante, écrite noire sur blanc dans les traités nous engageant.
Une Union Européenne qu'il ne faut pas quitter mais changer pour ne pas dire soumettre, au lieu de sortir de l'existent, et de redéfinir librement notre place en Europe et dans le Monde, à l'instar des anglais qui s'en portent très bien... et pour lesquels JLM se félicitaient des conditions du Brexit de 2020 et de son issue.
- "Accord Brexit rejeté à la chambre des Communes. L'Union européenne décompose les gouvernements qui pactisent avec elle".
- "Le pire accord de libre-échange jamais accepté par la France vient d'être battu au Parlement anglais : pas de regrets".
https://fr.news.yahoo.com/brexit-m%C3%A9lenchon-salue-le-rejet-laccord-et-fustige-201921982.html?guccounter=1
https://www.lesechos.fr/2016/06/brexit-cest-le-debut-de-la-fin-dune-epoque-selon-melenchon-210524
L'Union Européenne, dit-il, on la change où on la quitte.
Seule, la France ne pourra rien y changer. Cela fait 30 ans que les campagnes électorales européennes se font sur ce slogan "changer l'Europe". Rien ne change. Faute de réelle volonté politique, et du fait que le système est ainsi fait pour ne pas être changé.
Il faut en sortir, et bâtir une autre Europe collaborative. Mais dans le cadre de la NUPES, les positions européennes des Socialistes et de EELV, comme dit plus haut, sont incompatibles avec cette possibilité. A moins de trahir quelqu'un.
Tout le paysage politique qui prend place depuis la réélection de Macron est consternant. De la composition hautement critiquable du Gouvernement Borde et son lot de nouvelles trahisons, à l'improbable gestion de la finale au Stade de France samedi dernier, avec l'usage habituel des forces de l'ordre selon les standards définis contre les manifestants français depuis la nomination du Préfet Lallemand.
Nous demeurons désespérément dans l'exercice de la Macronie. Nous devrions en être sorti, nous aurions du y mettre un terme. Or, voilà la variole du singe et sa vaccination envisagée pour tous les soignants à cause de 7 cas en France. Voilà les tensions qui montent avec la Russie au lieu d'une désescalade diplomatique voulue par une large part des français. Voilà l'éternel retour du Covid et sa farandole vaccinale souhaitée pour les enfants. Voilà que le cauchemar continue en attendant les législatives.
Mélenchon, pas plébiscité dans les urnes lors des Présidentielles pour éjecter Macron ou l'imposer officiellement en principal opposant politique, demande à des français de plus en plus conscients du poids de l'Union Européenne, de l'OMS et de l'OTAN dans leur quotidien, de contraindre Macron à le choisir, lui, pour devenir Chef de Gouvernement, et appliquer son programme avec le soutien de formations politiques dont les dogmes sont totalement incompatibles avec sa feuille de route.
Et bien, nous n'y croyons pas. Ni sur le fond, ni sur la forme. Mélenchon aurait pu contribuer directement à faire chuter Macron, tout en visant sa revanche lors des législatives contre Le Pen, nous épargnant cette continuité mortifère. Qu'aurait eu le temps de faire la Présidente du RN en un mois de temps, avec toute une politique et une diplomatie à mettre en place, avant de se faire contrer lors des législatives ? Assurément, pas grand chose de mal, tandis que Macron, lui, déroule.
Nous sommes convaincus qu'une partie des français ressent un malaise avec cette composition politique qui rassemble la Gauche aujourd'hui, pour diverses raisons. Nous vous avons exposé les notre. Nous avons les mêmes réserves pour ce que la Droite et la totalité de son spectre représentent aujourd'hui, Dans le secret de l'isoloir, chacun fera à son idée. De fait, il nous semble que le salut sera réellement "hors système". Nous irons de ce coté là. Le plus loin possible de la Macronie.
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